En tant que sponsor du AI Paris 2019 les 11 & 12 juin derniers, nous avons pu assister à plusieurs conférences autour du thème de l’intelligence artificielle. Parmi elles, deux keynotes très intéressantes.
L’humain et l’avenir de l’IA
Pour la deuxième année consécutive, Malakoff Médéric Humanis rend publique leur enquête sur l’IA et les ressources humaines. L’entreprise française a interrogé près de 1800 dirigeants, managers et salariés sur leur vision de l’intelligence artificielle en entreprise.
David Giblas, Chief Innovation, Digital and Data Officer chez Malakoff Médéric, nous explique qu’il y a une vraie prise de conscience générale sur l’importance de l’IA. Cependant, elle n’est pas encore considérée comme un des enjeux stratégiques par les entreprises.
De plus, une interrogation subsiste : quels seront les impacts de l’intelligence artificielle sur le capital humain ?
Les experts de Malakoff Médéric expliquent qu’aujourd’hui, l’éthique est au coeur des préoccupations des entreprises. En effet, ces dernières en font leur premier sujet d’inquiétude ! David Giblas présente que 78% des dirigeants estiment que c’est au dirigeants des Ressources Humaines de lutter contre les biais éthiques que pourraient être introduits par l’intelligence artificielle. Parmi eux, par exemple, une machine programmée par des algorithms dans un processus de recrutement : celle-ci pourrait discriminer le CV de certaines personnes en se basant sur son nom de famille, adresse, sa situation familiale, etc.
“Ces changements organisationnels prennent du temps et leur réussite dépendra majoritairement de leur accompagnement managérial.”
Il ajoute :
“Il s’agit de permettre aux salariés et managers d’adapter l’IA dans leur quotidien, de constater en quoi celle-ci modifie les manières de travailler et permet de créer de la valeur ajoutée. Cela permettra de démystifier le pouvoir de l’IA auprès des salariés.”
43% des salariés craignent la suppression d’activités par l’automatisation des tâches. Côté managers et dirigeants, ils sont plus optimistes ; l’intelligence artificielle va faire apparaître de nouveaux métiers et créer une hybridation des activités regroupant intelligence artificielle et humaine dans les 5 ans à venir. Ce concept nous rappelle étrangement la « destruction créatrice » de J. Schumpeter – processus dans les économies et qui voit se produire de façon simultanée la disparition de secteurs d’activité économique conjointement à la création de nouvelles activités économiques.
Selon l’étude de Malakoff Médéric, c’est donc aux fonctions managériales, plus précisément les DRH, de déployer et adopter l’intelligence artificielle au sein de leur entreprise. Afin que les salariés puissent avoir confiance, c’est donc à eux de démystifier et faciliter l’intelligence artificielle en aidant à la structuration, aux formations et aux réflexions sur les enjeux éthiques dans leur processus.
L’intelligence artificielle existe-elle réellement ?
Luc Julia, VP Innovation chez Samsung Electronics et ex-inventeur de “Siri”, nous pose une question : “Peut-on vraiment parler d’intelligence artificielle aujourd’hui ?”.
Nous avons tendance à imaginer l’intelligence artificielle comme le projette les films hollywoodiens ; des machines qui deviennent plus intelligents que nous et qui dominent le monde. Sauf que selon Luc Julia, avec les méthodes actuelles : L’IA n’existe pas !
Luc Julia commence par nous montrer des exemples “d’intelligence artificielle”. En 1997, Deep Blue (superordinateur spécialisé dans le jeu d’échecs) bat le champion du monde d’échecs Garry Kasparov.
“La victoire de Deep Blue est évidente ! La machine est programmée pour connaître et anticiper tous les coups d’avance. On a modélisé toutes les possibilités aux échecs (10 puissance 53), et pour un homme c’est beaucoup !”
Julia exprime.
Julia nous parle également de AlphaGo, programme qui avait battu le champion du monde du jeu du Go en 2014. “Avec le jeu de Go, c’est un peu différent car on ne peut pas modéliser toutes les possibilités. Une partie d’entre elles ont cependant été modélisées et des modèles statistiques aident à combler les trous. Donc il n’y pas d’intelligence, c’est simplement une masse de données et un peu de statistiques.” Il ajoute “AlphaGo c’est 1500 CPUs (processeurs), 300 GPU, et 440 kWh. L’humain en face, c’est 20 kWh. De plus, l’humain sait faire beaucoup plus de choses que de jouer au Go !”
Il est donc clair que selon Luc Julia, l’intelligence artificielle n’existe pas et est toujours explicable mathématiquement.
“Aujourd’hui, ce qu’on appelle l’intelligence artificielle est soit basé sur des systèmes experts à base de règles, ou bien des systèmes à base de données (machine learning). Si on veut arriver à de la vraie intelligence artificielle, il faudra recourir à d’autres méthodes que celles utilisées aujourd’hui.”