Selon une étude menée par IDC, le taux de croissance de la production de données dans le secteur de la santé devrait dépasser celui de tout autre secteur industriel jusqu’en 2025. Pour faire face au volume d’informations produites par l’imagerie, la télémédecine, les dossiers médicaux électroniques et d’autres sources de données, les soins de santé devront inévitablement relever des défis en matière de données. Explications.
La digitalisation de la santé ne fait plus débat. Si l’on s’en réfère au rapport intitulé FutureScape: Worldwide Health Industry 2021 Predictions réalisé par l’institut IDC, il apparaît qu’à l’horizon 2023, 65 % des patients auront accès aux soins via une plateforme numérique.
Porté par l’acculturation technologique des citoyens, le phénomène est encouragé par les prestataires de soins de santé qui recherchent de meilleurs moyens d’améliorer l’accès, les engagements et les expériences dans tous les services de santé.
Cette transformation en appelle une autre pointée elle aussi par IDC :
d’ici 2024, la prolifération des données entraînera l’édification de 60 % de l’infrastructure informatique des établissements de santé sur une plateforme de données qui utilisera l’IA pour améliorer l’automatisation des processus et la prise de décision.
Dès lors, le constat est clair : la donnée est au cœur de tous les enjeux dans l’industrie pharmaceutique. De la recherche à la production, des stratégies de développement à l’optimisation des performances, le secteur est confronté à la nécessité de s’approprier, plus que jamais, une véritable culture data.
Les bénéfices des données dans le secteur de la santé
Selon un sondage réalisé en 2019 par Elsan (2e opérateur de santé privé en France) auprès de médecins spécialistes, plus d’un professionnel de santé sur deux est demandeur d’outils digitaux leur permettant de faciliter le recueil de données et de partager l’information entre professionnels.
Au rang des usages plébiscités par plus de 60% des répondants, la collecte des informations liées au patient avant une consultation, pour éviter la ressaisie des prescriptions. Il s’agirait d’un gain de temps dans les cabinets médicaux, impliquant une meilleure circulation de l’information entre les professionnels de santé pour un suivi du patient plus précis, rapide et rigoureux.
La médecine du quotidien est l’une des premières à tirer profit d’un recours aux données. La recherche, elle aussi exploite massivement la donnée. Tout au long de ces 18 derniers mois, alors que la crise sanitaire affectait l’intégralité du globe, les Big Data ont permis de gagner la course de vitesse par rapport au COVID-19 en permettant aux laboratoires de partager les connaissances et ainsi, adapter les mesures pour ralentir la progression de l’épidémie.
Accélération de la recherche, animation de la communauté scientifique, efficacité du suivi médical, l’apport des données au secteur de la santé et à l’industrie pharmaceutique est incontestable. Mais au-delà des bénéfices, les défis sont nombreux !
Un secteur où la donnée est fortement réglementée
Pour exploiter le plein potentiel de la donnée, les professionnels de santé et les acteurs de l’industrie pharmaceutique doivent cependant être à la hauteur de l’enjeu.
En effet, la data demeure un actif très sensible et les citoyens autant que le législateur veillent à ce que jamais certaines limites (en termes de respect de la vie privée et de maîtrise de la confidentialité) ne soient franchies.
Dans un rapport intitulé « La gouvernance des données de santé », rédigé à l’instigation de l’Institut Français des Relations Internationales, les auteurs soulignent « les carences des modèles de gouvernance préexistants dans chaque région du monde » et rappellent l’urgence « d’une recomposition des modèles de gouvernance et de protection des données ».
Derrière cette notion de gouvernance des données, on trouve également des enjeux de souveraineté. Ainsi, en France la question du stockage des données liées à la crise sanitaire a posé question. Une base de données publique baptisée Health Data Hub est née et s’est développée tout au long de la crise de la COVID-19.
L’hébergement de cette base de données par Microsoft Azure n’a pas été sans soulever des débats. Le respect de la déontologie et des valeurs liées à la confidentialité des données est un enjeu central, autant que celui de la sécurité ! En effet, le rapport Cost of Data Breach d’IBM, révèle que le coût moyen d’une violation de données a augmenté de 10% en un an pour atteindre 4,24 millions de dollars.
En France, le coût moyen d’une violation de données s’établit à 3,84 M€. Quant au coût moyen par enregistrement perdu ou volé, il atteint 213 € dans le secteur pharmaceutique. Une réalité qui amène à créer les conditions de l’excellence en termes de sécurisation de la donnée !
L’enjeu de la qualité des données de santé
Bien que très réglementé, l’accès aux données liées à la santé peut permettre de sauver des vies ou simplement de prendre des patients en charge de manière adaptée en ayant accès à leurs parcours de santé.
Il est donc crucial de s’appuyer sur des infrastructures data en mesure de protéger et maintenir la qualité de ces informations sensibles, qui une fois altérées ou erronées, peuvent avoir de graves conséquences.
Pour répondre aux enjeux data d’aujourd’hui et de demain, de nouvelles entreprises très innovantes ont fait leur apparition dans le secteur, la “Healthtech”. Elles sont venues bousculer une industrie en demande d’outils pour digitaliser et automatiser l’accès à de grands volumes de données au quotidien.
Le secteur de la santé, bien que très réglementé pour des raisons évidentes de sécurité et de confidentialité des données, doit pouvoir profiter des nombreux bénéfices offerts par la bonne circulation de datas de qualité.
Tout l’enjeu est celui de trouver le bon équilibre entre une approche défensive forte sur les permissions d’accès aux données, tout en facilitant l’innovation pour créer les services de demain.